mercredi 17 janvier 2018

Pour que naquît ce paysage / Augustin BERQUE

Calling on a Friend in the Snow (détail, Sun Zhi, 1595)
NdE. : à penser en rapport avec
"L'antre de la Femelle obscure" d'A. Berque
source
Paru dans Œuvre et lieu, sous la direction d'Anne-Marie Charbonneaux et Norbert Hillaire en collaboration avec Annie Delay, Paris, Flammarion, 2002, p. 18-34. (c) avec l'aimable autorisation des éditions Flammarion, pour diffusion scientifique. 

Pour que naquît ce paysage

par Augustin BERQUE


I. Pour que naquît ce paysage, il avait fallu bien du temps : le long travail d'une histoire, lentement tissée entre la montagne et les cals de mains humaines, sous des ciels changeants ; mais là-devant, je n'ai passé que deux journées d'automne, saison propice aux imparfaits du subjonctif. C'était en octobre, la fête était passée (du moins, j'en avais la trace écrite), et dans quelques semaines, tout cela serait recouvert par la neige. Par beaucoup de neige : dans la cour de l'ancienne école de Tsuchikura, la perche du nivomètre était graduée jusqu'à plus de quatre mètres. Encore cette école, qui par manque d'enfants dut être fermée en Heisei VIII (1996), n'était-elle qu'une annexe utilisée l'hiver ; l'école principale, celle de la belle saison, n'étant alors plus dégagée par le chasse-neige. Un refuge, en somme, avec un beau grand poêle dans la salle de gymnastique.